La chance sourit à Madame Nukiko
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Kikurin vit avec sa mère, Mme Nikuko, une femme toute en rondeurs, fougueuse et excentrique, dans un petit village de pêcheurs. Ensemble, elles mènent une vie à la fois paisible et pleine de rebondissements, mais leurs relations ne sont pas toujours simples. Un jour, un secret ressurgit du passé de Mme Nikuko.
Avec La chance sourit à Mme Nikuko, le réalisateur Ayumu Watanabe nous plonge dans le quotidien d’une femme ronde et fière de l’être, spontanée et touchante. C’est sa fille Kikurin qui nous permet cette rencontre, nous guidant tout au long du récit par sa voix et ses avis bien tranchés sur sa maman. La vie n’a pas été tendre avec cette mère célibataire : travailleuse acharnée, elle a dû faire face à des mariages difficiles et déménager à de nombreuses reprises, mais le sourire ne l’a jamais quittée. Accueillie dans un petit village de pêcheurs où elle travaille dans un restaurant traditionnel, la chance semble enfin tourner. Comme l’annonce le titre du film, voici venu le temps d’un changement de cap !
Avec sa mise en scène inventive et énergique, La chance sourit à Mme Nikuko nous invite dans le quotidien d’une famille japonaise singulière, qui nous devient rapidement familière. Ses détails amusants et l’absurdité de ses scènes en font un récit joyeux et décomplexant qui nous en apprend beaucoup sur la complexité des relations mère-fille. En parallèle de la découverte du passé de Mme Nikuko, c’est avant tout l'adolescence de Kikurin que nous suivons : grandir, s’adapter, apprendre, se comprendre et s’affirmer sont autant de défis qu’elle doit surmonter. La chance sourit à Mme Nikuko tisse également un discours sur la différence et développe l’idée très juste que l’on ne sait jamais vraiment qui ont été nos parents. Ainsi, les recherches sur le passé de Mme Nikuko en révèlent beaucoup à Kikurin sur ses origines.
La cuisine a une place de choix dans le film. Dès l’ouverture, Mme Nikuko se repaît de mets délicieux, faisant corps avec la nourriture. Elle mange beaucoup et y prend du plaisir. Les retrouvailles se font d’ailleurs autour d’une table, un bon petit plat devant soi. Le rapport à la nourriture est joyeux et humoristique sans jamais être moqueur. Les nombreuses recettes alléchantes ne manquent d’ailleurs pas de nous mettre l’eau à la bouche : pain perdu, misuji grillés, brochettes de bœuf, boulettes de riz, spaghetti bolognaises, okonomiyaki…
L’expression de la richesse culturelle japonaise ne s’arrête pas là. Ayumu Watanabe s'applique à montrer la nature et les lieux en détails, dans toute leur beauté. Les scènes de fêtes traditionnelles sont magnifiques, colorées par les kimonos fleuris, lampions multicolores et poissons brillants. De nombreuses explications sur la langue japonaise s’immiscent également dans les conversations, nous donnant envie d’en apprendre plus sur sa complexité. Et même l’animation japonaise vient se frayer un chemin dans cette foule de références culturelles : Mme Nikuko est régulièrement comparée à Totoro, la célèbre créature de Hayao Miyazaki, et ce n’est pas le seul clin d'œil au travail du maître de l’animation japonaise ! La même magie semble animer les animaux qui peuplent le monde de Mme Nikuko…
Le réalisateur Ayumu Watanabe
Ayumu Watanabe est un cinéaste japonais qui a déjà une belle carrière derrière lui : La chance sourit à Mme Nikuko est son cinquième long métrage et a été projeté en sélection officielle au Festival d’Annecy. Avant d’entamer la réalisation de longs métrages, il a été storyboarder, animateur clé, directeur de l’animation et réalisateur de téléfilms et de séries, notamment Doraemon qui raconte les aventures d’un chat-robot bleu sans oreilles. En 2019, il connaît un grand succès avec son film Les Enfants de la mer.
Un studio d’animation japonais renommé : le studio 4°C
Le Studio 4°C est un studio d’animation japonais fondé en 1986 à Musashino, à l’ouest de Tokyo. Son nom correspond à la température à laquelle l’eau est la plus dense, tout comme les œuvres animées qu’il produit. Le studio est caractérisé par une grande liberté donnée à ses animateurs et réalisateurs. Il s’agit principalement de courts métrages et séries télévisées en animation en deux dimensions, mais quelques longs métrages y ont également vu le jour, parmi lesquels Les Enfants de la mer (Ayumu Watanabe, 2019) et De l’autre côté du ciel (Yusuke Hirota, 2020) qui sortira cet été en France. Vous pouvez en apprendre plus sur le studio par ici.
Du roman au film
Avant d’être un film, La chance sourit à Mme Nikuko est un roman de l’écrivaine japonaise Kanako Nishi, publié en 2011. Il a ensuite été adapté en manga, en deux volumes. L’autrice a également écrit de nombreux autres romans, salués par la critique internationale : Aoi (2004), Tsutenkaku (Osaka Tower, 2007), Fukuwarai (Lucky Laugh, 2014) et Saraba ! (2015). Née à Téhéran en Iran, elle a grandi entre Le Caïre en Egypte et Osaka au Japon, et vit aujourd’hui à Vancouver, sur la côte ouest canadienne.
Une inspiration majeure : Hayao Miyazaki
Dans ce film, Ayumu Watanabe rend un hommage clair au maître de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki, réalisateur de Princesse Mononoké, Mon Voisin Totoro et Le Voyage de Chihiro. Plusieurs scènes sont ainsi des clins d’œil à certaines de ses œuvres. Les as-tu repérées ?
Lorsque Kikurin et Mme Nikuko attendent sous la pluie, la maman, si ronde dans son anorak jaune, rappelle le célèbre Totoro qui attend le bus aux côtés de Mei et Satsuki. De même, lorsqu’elle ronfle à en faire trembler les murs du bateau, Kikurin la compare aussitôt à Totoro. Cette scène est presque la même que celle dans laquelle la petite Mei rencontre Totoro pour la première fois. A un moment, la silhouette de Mme Nikuko prend même la forme de l’ombre de Totoro. Les scènes de cuisine rappellent également les mets succulents du Voyage de Chihiro.
Miyazaki n’est pas le seul réalisateur à inspirer Ayumu Watanabe : le pingouin Kanko ressemble à s’y méprendre à ceux du Mystère des pingouins (Hiroyasu Ishida, 2018), tout comme l’arc-en-ciel qui l’accompagne.
En cuisine !
Il ne vous aura pas échappé que la nourriture a une place toute particulière dans ce film. Brochettes grillées, saucisse de Francfort, gâteaux du Nouvel an, boulettes de riz, okonomiyaki… Mme Nikuko cuisine et sert aussi bien des plats occidentaux qu’orientaux. Voici la recette du savoureux pain perdu du petit déjeuner. A toi de mettre la main à la pâte !
Petit cinéphile, et si on continuait avec un parcours ?
Benshi propose plusieurs parcours afin de découvrir une thématique et de nouvelles œuvres. Après avoir vu La chance sourit à Mme Nikuko, pourquoi ne pas plonger dans Trésors du Japon et Hommage et parodie. En plus, il y a des badges à collectionner ! Et pour jeter un œil à d’autres parcours, c’est par ici.
La chance sourit à Mme Nikuko est tout à fait adapté aux enfants à partir de 11 ans. Ils comprendront les subtilités du scénario, en apprendront beaucoup sur la culture japonaise et seront sensibles à l’originalité des personnages. De plus, ils apprécieront sûrement les nombreux clins d'œil à l’œuvre de Miyazaki ou auront envie de la découvrir !
